Ce point culminant du massif ne s’est pas toujours appelé ainsi. Son nom a divagué sérieusement, sans doute parce qu’il est situé au centre du massif et peu visible depuis les vallées. Au XVIIe siècle, c’était la Montagne des Glacières ou des Verrières ou de l’Aile-Froide. Plus tard, Pic ou Pointe des Arsines ou d’Oursine. La carte de Bourcet (1758) l’appelle Pointe des Verges. Sur le versant de Saint-Christophe, ce fut “La Tête des Trois Bœufs”…
C’est la carte d’état-major (1853) qui lui a donné un nom définitif. Mais alors pourquoi Ecrins? Le plus simple évidemment est de tirer son origine du mot “Ecrin” signifiant, dans l’Embrunais en particulier, coffre et par extension “Vallon fermé” la pointe ou barre des Ecrins étant alors la pointe qui domine le vallon fermé du Glacier Blanc. A rapprocher du Val d’Escreins près du Col de Vars dominé par la Font-Sancte. Mais cette étymologie est trop simpliste, on n’a jamais donné au vallon du Glacier Blanc un tel nom. La vérité est plus simple: le nom d’un sommet est souvent le nom de ce qu’il y a de plus caractéristique à ses pieds.
En fait, l’histoire est celle-ci. Lorsque les officiers cartographes vinrent établir la fameuse carte d’état-major qui fixa les noms, ils demandèrent aux gens de Vallouise le nom de cette montagne et on leur dit c’est la pointe d’Escrins, c’est -à-dire des coffres. En effet le XIXème siècle fut une période d’intenses recherches minières. Des coffres de bois ayant été placés en plusieurs endroits, le long des rochers au dessus de la rive gauche du Glacier Noir, on y faisait couler l’eau des ruisseaux et on la filtrait pour tenter de recueillir des traces de métal, de l’or, cet or plus ou moins mythique qui enivrait les montagnards de l’époque. Ainsi naquirent les Ecrins.
Source : Livre « Noms de lieux, quelle histoire ! » de Pierre Barnola et Danièle Vuarchex