Archives mensuelles : mai 2016

La Vallouise et les Vaudois

Vallouise_1Vallouise_2L’histoire de la Vallouise et des Vaudois est fortement liée. Affluente de la Durance, la vallée de la Vallouise s’enfonce profondément dans le massif des Ecrins et donne accès à un des hauts lieux de l’alpinisme : Ailefoide. C’est une des portes d’entrée du massif des Ecrins. Longue de 25 km, elle s’étage entre 1000m et 1900m. Elle est dominée par le Pelvoux et vient mourir au pré de Madame Carles, sous les Ecrins. Mais sous ce doux nom se cache une histoire mouvementée !
Au commencement était « Vallis Gerontonica », la vallée du Gyr, nom attesté dès 739, tout droit tiré de sa position géographique. Puis vint l’intermède tragique des persécutions contre les Vaudois. Alors « Vallis Gerontonica » devint au XIIIe siècle « Vallis Puta » (Vallée mauvaise), refuge des populations jugées hérétiques . En 1486, elle prit pour nom de « Vallis Loyssia » en l’honneur du roi Louis XI, qui demanda que prennent fin les poursuites contre les Vaudois. « Vallis Loysia » s’écrivit successivement « Valloyse », puis « Val Loyse », enfin « Vallouise », nom qu’elle abandonna quelques temps sous la période révolutionnaire à la fin du XVIIIe-début du XIXe siècle pour « Val Libre ».
Mais qui sont ces Vaudois, traqués et persécutés durant près de six siècles ?
Au XIIe siècle nait une confrérie religieuse, issue de la doctrine de Pierre Valdès, riche commerçant Lyonnais parti prêcher la parole du Christ sans être ordonné. Avec ses disciples, il sera excommunié en 1184. Les Vaudois littéralement « pauvres de Lyon » militent pour le dépouillement, la simplicité, l’aide aux pauvres et réfutent une église trop fastueuse.
Après 1292, à la fin de la répression contre les Cathares, l’église va se retourner contre ce nouveau mouvement de contestations. Ils seront alors persécutés et se réfugieront dans les vallées dauphinoises (les Escartons), dans le Lubéron, le Bugey et dans toutes les Alpes, en particulier sur leur versant Est. Les Vaudois sont jugés hérétiques, emprisonnés, leurs bien confisqués. les persécutions s’intensifient sous l’inquisition, menée par les archevêques d’Embrun et les seigneurs locaux, dont le Dauphin Humbert II. Les Vaudois quittent les grandes vallées et trouvent refuge dans les vallées perchées du Briançonnais : Freissinères, Vallouise, Fournel seront pour un temps leurs terres d’asile.
En 1393, l’inquisiteur « diabolique », François Borrely, fera brûler vif 230 Vaudois, dont 150 Vallouisiens, sur la place de la tour brune à Embrun. Ceux survivant au massacre iront se cacher encore plus profondément dans les montagnes. En 1478, un semblant de sursis leur est accordé par Louis XI qui les défend contre les exactions de Jean Baile (archevêque d’Embrun). Mais après la mort du roi, la chasse reprend de plus belle.
De nombreux noms de lieux rappellent ces tristes épisodes, véritables massacres de familles entières : la Grotte des Vaudois et le Cimetière des Vaudois dans la vallée de Freissinières ; La Serre des Hommes Morts ou Baume Chapelue à Ailefroide. On raconte qu’à cet endroit, des dizaines de Vaudois furent contraints de se jeter dans le vide et leurs chapeaux restèrent accrochés sur la falaise.
Une embellie arrivera au XVIe siècle. En 1501, les Vaudois seront absous par le Pape Pie III et Louis XII ordonnera la restitution de leurs terres. Malheureusement, François 1er n’aura pas la même tolérance que son prédécesseur. En 1545, avec son aval, tout une communauté est massacrée dans le Luberon. Plus de 3000 personnes sont torturées et tuées, plus d’un millier d’hommes envoyés aux galères. En 1532, Ils seront « obligés » d’adhérer à l’église protestante mais cela ne mettra pas fin aux persécutions. Il faudra attendre le 17 février 1848 pour que les Vaudois puissent enfin avoir des droits civiques et la liberté religieuse.

Histoire des Ecrins

Ce point culminant du massif ne s’est pas toujours appelé ainsi. Son nom a divagué sérieusement, sans doute parce qu’il est situé au centre du massif et peu visible depuis les vallées. Au XVIIe siècle, c’était la Montagne des Glacières ou des Verrières ou de l’Aile-Froide. Plus tard, Pic ou Pointe des Arsines ou d’Oursine. La carte de Bourcet (1758) l’appelle Pointe des Verges. Sur le versant de Saint-Christophe, ce fut “La Tête des Trois Bœufs”…
C’est la carte d’état-major (1853) qui lui a donné un nom définitif. Mais alors pourquoi Ecrins? Le plus simple évidemment est de tirer son origine du mot “Ecrin” signifiant, dans l’Embrunais en particulier, coffre et par extension “Vallon fermé” la pointe ou barre des Ecrins étant alors la pointe qui domine le vallon fermé du Glacier Blanc. A rapprocher du Val d’Escreins près du Col de Vars dominé par la Font-Sancte. Mais cette étymologie est trop simpliste, on n’a jamais donné au vallon du Glacier Blanc un tel nom. La vérité est plus simple: le nom d’un sommet est souvent le nom de ce qu’il y a de plus caractéristique à ses pieds.
En fait, l’histoire est celle-ci. Lorsque les officiers cartographes vinrent établir la fameuse carte d’état-major qui fixa les noms, ils demandèrent aux gens de Vallouise le nom de cette montagne et on leur dit c’est la pointe d’Escrins, c’est -à-dire des coffres. En effet le XIXème siècle fut une période d’intenses recherches minières. Des coffres de bois ayant été placés en plusieurs endroits, le long des rochers au dessus de la rive gauche du Glacier Noir, on y faisait couler l’eau des ruisseaux et on la filtrait pour tenter de recueillir des traces de métal, de l’or, cet or plus ou moins mythique qui enivrait les montagnards de l’époque. Ainsi naquirent les Ecrins.
Source : Livre « Noms de lieux, quelle histoire ! » de Pierre Barnola et Danièle Vuarchex

Le chamois, animal emblématique des montagnes !

Chamois2Chamois1Il allie la grâce à l’aisance dans ses déplacements que ce soit dans les éboulis, les pentes raides, les passages rocheux ou sur la neige dure. Son allure fragile n’est qu’apparente. Robuste et fort, il a un cœur puissant que tous les alpinistes lui envient et qui lui permet d’accomplir des efforts étonnants comme de gravir 1000 m de dénivelé en 15 minutes !
La période de reproduction a lieu fin novembre, aux premières neiges. Elles sont l’occasion de belles poursuites et de sévères batailles entre mâles. La femelle met bas en mai un chevreau qui ne quitte pas sa mère d’un sabot pendant toute une année, avant de prendre son indépendance. Il vit entre 15 et 20 ans.
Le Chamois est herbivore, il mange diverses herbes mais aussi des arbustes tels que le sorbier. Durant l’hiver, il se replie sur des herbes sèchent et aiguilles de conifères qu’il trouve en grattant la neige avec ses pattes.
Le principal « prédateur » du chamois, c’est l’hiver. Ensuite c’est l’homme car le chamois est un gibier apprécié, mais il y a aussi l’aigle qui s’attaque aux jeunes isolés, le renard qui ne pourchasse que les jeunes, le loup et le lynx quand ils sont présents.
Le massif des Ecrins abrite environ 15 000 chamois. En tout il y a environ 50 000 chamois dans les Alpes françaises.

Source: PNE

Horloge des Hermes

Horloge_HermesBâtie sur une éminence stérile (hermes en langue d’oc) l’horloge des Hermes domine l’Argentière-la-Bessée depuis près d’un siècle. L’histoire commence en 1906, date à laquelle un bail est signé  entre Monsieur Gilbert Planche ingénieur hydroélectrique, ses ayants droit et la commune. Ce bail concernait la cession des droits communaux aux abords du torrent du Fournel afin d’y établir une usine électrométallurgique, mais stipulait aussi que le preneur s’engageait à mettre en place deux horloges d’une des meilleures marques modernes, chacune avec quatre cadrans d’un mètre de diamètre, sonnant les heures et les demies, l’une destinée au clocher de l’église de L’Argentière, l’autre destinée au clocher de l’église de La Bessée-du-Milieu. Les travaux ont sans doute débutés en 1909, date à laquelle l’usine qui permettait de fabriquer de l’aluminium fut inaugurée. Après maintes péripéties et la guerre, seule l’horloge située sur le rocher dominant l’Argentière est maintenue. Elle permettait d’être visible par tous et notamment des ouvriers. Achevée en 1922, elle est aussi appelée “l’horloge des patrons”, ces derniers pouvaient surveiller la ponctualité des employés.