Histoire de La Meije

Pour la Meije, second sommet du massif, l’origine du nom est sans problème. Mais rappelons d’abord que cette appellation qui a prévalu est celle de la Grave, alors que pour le versant sud des Etançons c’était le « Bec des Peignes » (cadastre de Saint-Christophe 1830) nom très suggestif pour qui a vu cette montagne depuis le vallon des Etançons. Il subsiste encore pour les chasseurs de chamois des endroits dénommés « les Peignes » dans le massif de la Meije, survivance tenace. Signalons aussi que la Meije a été nommée d’abord « Pointe de Mallaval » d’un lieu-dit entre le Chambon et La Grave d’où l’on aperçoit pointer ce sommet au sens propre du terme. La première mention en est faite par La Blottière en 1712. Il divise le massif en deux « les montagnes de Mallaval vis-à-vis le village de La Grave sur lesquelles il y a toujours des glaciers et la montagne de l’Ailefroide au-dessus de Vallouise sur laquelle il y a aussi beaucoup de neige ». Mais la pointe de Mallaval deviendra vite en 1749 (carte de Bourcet) « l’Aiguille du Midi » ou l’Aiguille du Midi de La Grave pour la différencier de beaucoup d’Aiguilles du Midi, celles de Chamonix et bien d’autres, les Dents du Midi (Valais), les Pics du Midi d’Ossau et de Bigorre dans les Pyrénées, le Pic du Midi des Andrieux dans le Valgaudemar, le Mittaghorn en Suisse, liste évidemment non-exhaustive mais qui montre qu’en tous lieux, n’ayant pas d’horloge, on était obligé de chercher midi en conjuguant (sens étymologique) le soleil et un sommet. On peut aussi chercher les 11 heures! Ainsi la « Cima Undici » dans les Dolomites. En 1834, on voit apparaître, à côté de la traduction française, la forme patoise « la Meidjour » (milieu du jour) vite transformée en Meidje et c’est ce nom qui va l’emporter et être fixé définitivement par la carte d’état-major au 80000ème en 1866. Enfin le « d » se perd pour donner la Meije que nous connaissons actuellement. Notons que la forme patoise a subsisté aussi en certains endroits. Il y a ainsi trois Rochers ou Aiguilles de Miejour en Haut-Ubaye et dans le Queyras.
Source : Livre « Noms de lieux, quelle histoire ! » de Pierre Barnola et Danièle Vuarchex

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