W.A.B. Coolidge

CoolidgeWilliam Augustus Brevoort Coolidge occupe une place à part dans le panthéon des alpinistes. Il y figure comme un explorateur, un découvreur, un personnage atypique qui, délaissant les sommets les plus prestigieux en vogue de l’Oberland ou du Mont-Blanc, va se rendre dans le massif peu connu du Haut-Dauphiné. Pionner de l’alpinisme dans cette région, Coolidge va durant 25 ans parcourir le massif en tout sens et faire l’ascension de très nombreux sommets et cols dont une grande majorité de premières (plus de 75).
Américain, né en 1850 près de New-York, il découvre et s’intéresse à la montagne grâce à sa tante, Miss Brevoort. C’est ainsi qu’il va, à partir de 1866, réaliser ses premières ascensions dans les Alpes. En juin 1870, la caravane Brevoort-Coolidge s’aventure pour la première fois en Dauphiné. Durant cinq année, ils vont réaliser de nombreuses ascensions et non des moindres ; Meije centrale, Aiguille d’Arves, Râteau, Grande Ruine, … et ce toujours accompagnés de la chienne Tschingel. Les autochtones des profondes vallées du Haut-Dauphiné les prennent tour à tour pour des saltimbanques, des chercheurs d’or voire des espions ! Après la mort de sa tante en 1876, il continuera jusqu’en 1895, l’exploration du massif Dauphinois. Etabli en 1896, à Grindelwald, il se consacrera à l’écriture alpine.
Décédé en 1926, W.A.B Coolidge n’a pas laissé derrière lui d’admirateurs célébrants ses exploits ni de disciples mettant en valeur la richesse de son œuvre d’écrivain de montagne. La difficulté de ses ascensions a souvent été dénigrée et ses nombreux récits considérés comme envahissants. Pire, cinquante ans après sa mort, en 1976, Coolidge est enterré une seconde fois par H. Isselin dans le livre « La Barre des Ecrins » ou ce dernier le décrit d’homme pointilleux, irascible et entêté, harcelant les revues alpines d’articles « d’une érudition minutieuse et accablante », plus attaché à la quantité qu’à la qualité de ces ascensions.
Aujourd’hui, il est temps de rendre sa place à ce conquérant. Loin de toutes ces médisances, c’était un explorateur, un amoureux du Haut-Dauphiné, un homme volontaire, organisé, plein d’humour et qui s’intéressait aux habitants des montagnes contrairement à beaucoup d’autres alpinistes de l’époque. Ses notes, récits, guides qu’il a écrits permettent aujourd’hui de mieux connaître l’histoire des montagnes et des hommes qui y vivaient. Un grand monsieur, pionnier de l’alpinisme et l’un des plus éminents érudits de l’histoire alpine.

Sources: littérature alpine
Coolidge en Dauphiné, éditions Alpage
La Saga des Ecrins, éditions Guérin
La Barre des Ecrins, éditions Arthaud