Archives de catégorie : Légende

Lac, légende et Chapelle Ste Anne

StAnneLe lac Sainte Anne s’appelait autrefois lac de l’Adoux. Le changement de nom est lié à la légende: Il y a fort longtemps, sans doute au XVIIe siècle, deux jeunes bergers s’étaient confectionnés un radeau de fortune et s’étaient laissés pousser doucement par le vent vers le centre du lac qu’ils comptaient traverser. Hélas quand ils furent arrivés au milieu, plus un souffle d’air. Impossible de revenir. Le soir tombant, leurs parents finirent par s’inquiéter et après de longues recherches, les trouvèrent coincés sur leur frêle esquif. Instructions, exhortations, conseils divers… rien n’y faisant, ils n’eurent plus que la ressource de se jeter à genoux et d’implorer Sainte Anne qui protège si bien les navigateurs. Ils lui promirent, s’ils retrouvaient leurs enfants, de lui construire une chapelle. Sainte Anne les entendit de sorte qu’une brise légère se leva et ramena les enfants jusqu’à la rive.
La construction de la chapelle remonte au XVIIe siècle voire même plus tôt. La première procession pour demander la pluie remonte à 1699. De nos jours, la procession perdure et les gens prient afin qu’il n’y ait pas de sécheresse. Situé à 2414m, au pied de la Font Sancte, le lac profond d’une vingtaine de mètres, est aussi un magnifique but de randonnée.

La Maison du Roy

Ce hameau situé à 5 km de Guillestre, au confluent du Guil et du Cristillan, s’appelait autrefois Pont la Pierre. La tradition rapporte que Louis XIII se rendant en Italie en 1629 se serait arrêté, le 28 février, à l’auberge située dans ce lieudit. La légende veut qu’il se soit plaint du prix, trop élevé à son gré, des œufs que lui vendait l’aubergiste. « Les œufs sont donc bien rares dans ce pays pour qu’ils soient si chers » dit-il. « Sire » répartit le Queyrassin, « ce ne sont pas les œufs qui sont rares ici, c’est la présence de votre majesté ».  Dans les archives du Queyras, ce hameau est appelé « Maison-du-Roy » depuis ce moment en raison d’une « sauvegarde du Roy » accordée à l’aubergiste. Il bénéficia d’une réduction des tailles et d’une exemption de corvée, à condition de fournir à bon prix le gîte et le couvert et ce, pendant toute l’année, aux voyageurs et aux soldats de la garnison de Château-Queyras.
Source: Le courrier du Queyras (août 1971)

Le Peyrou et la Meije

PeyouMeijeDans la montagne dominant Villar d’Arène, il y avait autrefois un puissant château très haut perché. Le maître du château était paillard, grossier, rude, mais il n’y avait pas de chasseur plus audacieux que lui : infatigable, il savait forcer une harde de chamois ; courageux, il savait attaquer dans sa tanière, le terrible ours des montagnes ; hardi, il savait franchir les rochers les plus abrupts.
Ses propriétés s’étendaient du Chambon jusqu’à Briançon. Il était devenu le maître de la route du Lautaret où il avait installé un péage. Un jour qu’il visitait ses terres, il rencontra une jeune fille qui filait de la laine devant sa maison. Anne, car elle portait ce doux nom, était plus blonde que la moisson, plus belle que les Vénitiennes et plus sainte que la Mère de l’Enfant de Dieu. Il en tomba follement amoureux et devant son refus, il essaya de rompre sa chair et d’égarer son esprit dans des entreprises de chasse périlleuses, qui ne lui donna ni le calme ni le repos. Il essaya de se gorger d’autres chairs et cela ne fit pas davantage.
Enhardi par le Démon qui s’était emparé de son cœur et de son esprit, il chargea ses serviteurs de s’emparer de la jeune fille qui la ramenèrent par une nuit sans lune au château. Elle ne lui fit pas de reproches, mais elle lui fit serment qu’il n’aurait rien de sa chair. Il essaya de s’approcher d’elle, et un soir, comprenant que le démon guidait ses gestes, Anne se servit pour se défendre de la seule arme en sa possession: le fuseau. Elle le blessa à la main droite et la laine blanche devint rouge. Sentant sa vie éternelle en péril, la jeune fille en profita pour s’enfuir.
Au château, la colère s’empara du seigneur chevalier, dans la nuit, un hurlement sinistre retentit du Lautaret à Briançon, les âmes pieuses se signèrent pressentant un malheur, les pénitents revêtirent leur cagoule et prièrent le reste de la nuit.
Après bien des fatigues, Anne arriva au sommet du plateau en face duquel se dresse la Grande Meije.
On avait édifié à cet endroit un oratoire en l’honneur de la Mère de Dieu. Lasse, le corps rompu, la jolie fileuse s’agenouilla devant l’autel et se mit à prier. Pendant ce temps, sans doute guidé par le diable, le seigneur chevalier la trouvât et lorsqu’il ouvrit la porte de l’oratoire. Elle s’écria: «Sainte Vierge, je suis seule, prenez-moi, protégez-moi, cachez-moi dans le rocher, au sommet de la Grande Meije, par pitié !» Et le miracle se produisit, une lumière céleste éblouit le seigneur chevalier qui entendit les paroles divines: «Repens-toi, chevalier félon, car cette jeune fille si pure sauve son âme. Pour expier tes fautes tu ne seras plus le lion courageux et libre du val de la Romanche, mais le lion de pierre en face de moi, sur le Peyrou d’Amont, en face d’elle qui a choisi le sommet de la Grande Meije». Pendant toute l’éternité, ils seront ainsi en face l’un de l’autre: le chevalier déloyal et la belle fileuse.
Dans ce face à face éternel, on dit que la Meije devient parfois plus aérienne lorsque la belle fileuse pardonne à son persécuteur. En revanche quand elle se voile de nuages menaçants, les gens disent qu’elle se protège ainsi des attaques du seigneur chevalier tapit en bas au Peyrou d’Amont qui a pris définitivement la forme d’un lion couché et blessé à mort.
Que ceux qui feront la Meije et bivouaqueront au sommet se recueillent et écoutent. En se penchant vers l’abîme, par-dessus le glacier, ils entendront les plaintes angoissantes du seigneur chevalier, mais tout près d’eux, ils sentiront la présence de leur ange gardien qui veillera sur eux. Anne prie pour ceux qui exposent leur vie par noble idéal, invisible mais présente, elle les suit de rocher en rocher, elle les réconforte. Si le grand malheur survient, alors, elle leur apparaît et adoucit les transes de la mort. Elle se penche sur le pauvre corps brisé et dans un grand élan d’amour elle lui donne la grande joie de mourir dans ses bras.
Source : Association coutumes et traditions de l’Oisans

Spectre de Brocken

SpectreBrockenDepuis des époques très reculées, la montagne du Brocken (Allemagne) a été réputée comme le théâtre habituel d’apparitions extraordinaires. Les paysans du pays parlent encore aujourd’hui du Brocken avec un certain effroi. Ce sommet, qu’ils croient ensorcelé, leur inspire des terreurs superstitieuses. Ils redoutent d’en faire l’ascension à l’heure du lever du soleil, car c’est à ce moment surtout, que d’après leurs récits, des spectres formidables apparaissent au sein de l’air, que des ombres colossales surgissent  au milieu des nuages …
Ce phénomène rare qui s’aperçoit plutôt en montagne est aujourd’hui bien connu. Il est formé par la diffusion de la lumière par les gouttelettes qui forment le brouillard. La condition optimale pour l’observer est d’avoir un Soleil bien dégagé derrière soi et une nappe de brouillard devant soi. On a donc le Soleil dans le dos, et l’on observe l’apparition d’un cercle lumineux et coloré à l’exacte opposée du Soleil. Ce cercle lumineux a pour nom la Gloire. On observe aussi une zone centrale sombre, qui n’est autre que l’ombre de l’observateur, cachant le centre et le bas de la Gloire: c’est le Spectre de Brocken. Chaque personne voit donc son propre spectre.
On peut aussi se reporter à la description qu’en fait Charles Baudelaire dans les Paradis artificiels  Spectre du Brocken

Le Dahu

Animal légendaire des montagnes dont la caractéristique est d’avoir deux pattes plus courtes que les autres. Cette morphologie spéciale, résultat d’une longue évolution, lui permet de se déplacer aisément sur les pentes abruptes. Malheureusement, cela l’oblige à se déplacer toujours dans la même direction et sur un même côté sans pouvoir faire demi-tour sous peine de tomber !
En vidéo, la belle histoire de Berry le dahu …

Boscodon, son abbaye, sa forêt, sa fontaine et sa légende

L’abbaye
Boscodon_AbbayeFondée en 1142, l’abbaye de Boscodon, située à 1200 mètres d’altitude, a été bâtie par des moines grâce aux dons de Guillaume de Montmirail. Ces premiers moines vivaient de l’exploitation de la forêt du domaine et de l’élevage de moutons. Pendant la révolution française, l’abbaye et ses domaines deviennent propriété nationale. Un hameau se construit même autour de l’abbatiale, qui devient écurie, étable et logement. Au XXe siècle, les habitants quittent progressivement le hameau. La renaissance de l’abbaye débute en1972 grâce à l’implication de diverses congrégations religieuses et des laïcs. Aujourd’hui, L’abbaye est la propriété d’une association qui en assure la restauration et les animations. La communauté religieuse qui compte des femmes et des hommes de plusieurs congrégations propose des célébrations, des concerts, des conférences, …
La forêt
BoscodonAu-dessus de l’abbaye s’étend la forêt domaniale de Boscodon. Cette forêt a la particularité d’être composée en majorité de sapins, alors que la plupart des bois et forêts environnants sont composés essentiellement de pins et de mélèzes. Cette forêt, gérée par l’ONF, est particulièrement bien aménagée pour la promenade, détente, randonnée, … La route forestière carrossable de la fontaine de l’ours, qui serpente au-delà de l’abbaye, comporte plusieurs panneaux d’information sur le site, des panneaux descriptifs des espèces de la végétation locale, un balisage soigneux des sentiers avoisinants, de nombreuses aires de détente et deux belvédères aménagés sur des points de vue remarquables.
La fontaine de l’ours
Boscodon_OursLa route forestière monte à travers la forêt domaniale sur 5 kilomètres depuis l’abbaye, et aboutit à une esplanade nommée « Fontaine de l’ours », à 1 560 mètres d’altitude. Ce lieu doit son nom à une sorte de grotte aménagée autour d’une source, c’est une construction voûtée faite de pierres assemblées sans ciment, à la manière des bories provençales. La grotte est fermée par une grille, mais la source est parfaitement visible. L’eau y est captée et conduite à une véritable fontaine installée plus bas, et dont le bec verseur en bois a la forme d’une tête d’animal. Autour de la fontaine de l’ours est aménagé un espace de détente. On y a une vue plongeante sur le site de la ville d’Embrun. C’est aussi le point d’arrivée ou de départ de nombreux sentiers de promenade dans la forêt, plusieurs sentiers balisés y montent depuis l’abbaye, et d’autres en partent vers les crêtes et sommets. Le nom de « fontaine de l’ours » a son origine dans une légende locale.
La légende
Boscodon_Légende_OursEn l’an huit cent et quelques, monseigneur Arey, évêque de Gap décide d’aller présenter ses pieuses salutations à sa sainteté le pape à Rome. Il entreprend le voyage, mettant presque deux mois pour arriver à la ville éternelle ! Au retour, le voyage est encore plus long car il décide de revenir par le col du Montgenèvre et la source de la Durance afin de se reposer quelques jours chez son ami l’évêque d’Embrun. Ses bœufs bien reposés, lui-même ragaillardi par le bon air de l’Embrunais, il reprend son modeste char et se met en route vers son diocèse Gapençais. Tout à coup, alors qu’il franchit le torrent de Boscodon sur un petit pont branlant, un ours énorme sortant du bois se jette sur ses bœufs et en dévore un. Monseigneur Arey, nullement intimidé, ordonna à l’ours de remplacer le bœuf. “Touché par la grâce”, il prit docilement le joug. C’est sur cet équipage que monseigneur Arey est arrivé dans sa bonne ville de Gap. Quant à l’ours, bien traité et bien nourri dans l’écurie de l’évêché, il était mieux là qu’à courir les bois pour essayer de trouver sa nourriture. Au début, les Gapençais, craintifs, s’éloignaient quand ils voyaient dans les rues l’évêque qui se promenait, tenant en laisse l’énorme animal, comme si c’était un chien. Et puis les jours ont passé, les mois, les années même et tout le monde s’est habitué. L’ours était devenu un familier du bon peuple de Gap, qui lui offrit une chaîne faite d’or et d’argent. Puis vint le jour où monseigneur Arey, qui était déjà bien vieux, est mort. Lors de son enterrement, l’ours suivait tristement la procession en gémissant. Quand le tombeau s’est refermé sur son maître, l’ours est parti et plus jamais personne n’a entendu parler de lui. Quelques siècles plus tard, le long du torrent de Boscodon, au dessus d’Embrun, s’est édifié l’abbaye de Boscodon et des moines sont venus s’installer. Un jour, quelques moines qui recherchaient des plantes médicinales au dessus du monastère, ont trouvé un endroit curieux qui semblait avoir été fréquenté jadis. Il y avait là une source clair et, pas très loin, une sorte de grotte. Ils y pénètrent et là ils trouvent le squelette d’un énorme animal, un ours selon toute apparence et ce qui les étonne le plus, c’est que l’animal porte autour du cou une chaîne d’or et d’argent. Il lui fut donné une sépulture, mais ils perdirent la chaîne en chemin. Depuis le fantôme vivant de “Messire Brun”, lourde silhouette, déambule dans les profondeurs de la forêt de Boscodon à la recherche de sa chaîne.

Sources
https://fr.wikipedia.org/wiki/Boscodon
http://www.basecommunale.paca.developpement-durable.gouv.fr/pdf/fiches/sites_classes/93C05019.pdf