Archives mensuelles : septembre 2016

Sentiers des Ecrins

sentier-ecrinsLe massif des Ecrins ne peut se parcourir qu’a pied. Sans doute un privilège qui le préserve de la sur-fréquentation ! C’est grâce aux sentiers qui le sillonnent que l’on accède au cœur de l’Oisans. Mais ces chemins qui nous permettent aujourd’hui de pratiquer la randonnée pédestre ont tous une longue histoire …
Au début, il n’y avait rien ! Puis peu à peu sont apparus des traces, sentes, drailles et enfin des sentiers se faufilant au travers des montagnes, utilisant les passages les plus aisés et permettant la circulation des hommes. Difficile de dire à quand remonte les premiers chemins, mais ils existent depuis fort longtemps ; Il y a quelque 9000 ans, des hommes ont campé au fond du vallon du Fournel. Voies de communication et d’échange entre villages et vallées depuis l’époque romaine, ils sont devenus sentiers de fuite (chemins des protestants), puis militaires, pastoral, forestiers, aménageurs, facteurs, … et enfin randonneurs depuis le milieu du XXe. C’est à partir de cette époque que les sentiers prennent une nouvelle fonction avec l’arrivée des “excursionnistes” puis des alpinistes. Grande nouveauté, on marche “pour le plaisir”… Après les aristocrates à la conquête des Alpes (Whymper, Coolidge et autre miss Breevort), les congés payés démocratisent la pratique. En 1936, les amoureux de la marche à pied et de la nature prennent le chemin des montagnes.
Les premiers sentiers de grande randonnée (GR) ont été tracés en France en 1947. Pour le massif des Ecrins, c’est au printemps 1964 que le GR54 est crée. Il fait partie de la trilogie des sentiers GR des Alpes française avec le Mt Blanc et la Vanoise mais c’est sans doute le plus sauvage. Il contourne l’Oisans à travers l’Isère et les Hautes-Alpes. 180km à parcourir, 14 cols et plus de 12800 mètres de dénivelé. Les Ecrins comptent aujourd’hui près de 700 km de sentiers.
Le Tour des Écrins, un itinéraire de légende !
C’est pendant l’hiver 1962-63, que Roger Canac pense à un sentier faisant le tour des Ecrins. Un tracé sur une carte va devenir progressivement un itinéraire qui s’organise avec quelques copains (Jean-Alix Martinez, Claude Couttaze, …) et connaissances contactés dans les différentes vallée. Il s’agit de s’assurer que les passages sont utilisables et que les randonneurs trouveront un lieu pour dormir à chaque étape. Le comité national des sentiers de grande randonnée a dit son intérêt sur le principe, il fournit le matériel de balisage… mais pas d’argent. Quand tout sera au point, il assurera la promotion de l’itinéraire et éditera le topo-guide. Les maisons des jeunes de Bourg d’Oisans, de la Mure et de Lyon apportent leur contribution pour la prospection puis le balisage. La réalisation progresse jusqu’à devenir une “oeuvre collective”, informelle au départ puis appuyée par les organismes officiels : services des eaux et forêts, collectivités, Club alpin français… Au printemps 1964, l’itinéraire est agréé officiellement “GR54”. À cette époque, certains cols, comme celui de l’Aup Martin n’avaient pas été pratiqués depuis plusieurs décennies. Les premiers randonneurs ont le sentiment d’être de véritables pionniers alors qu’ils empruntent en réalité des cheminements très anciens. On parlait déjà de créer un parc national. Quand il voit le jour, 10 ans plus tard, il bénéficie déjà d’une ossature de sentiers pour la découverte des vallées et des sommets prestigieux du massif… En 10 à 12 jours, le tour des Écrins passe par Bourg d’Oisans, La Grave, Le Monêtier-les-Bains, Vallouise, La Chapelle-en-Valgaudemar, Le Désert-en-Valjouffrey et Valsenestre. Désormais, l’entretien du GR 54 est assuré par le Parc, l’ONF, les communes et les Communautés de communes.
Sentier du ministre, une boutade !
Dans le Valgaudemar, le sentier du ministre chemine à flanc de montagne en direction des refuges de Vallonpierre et Chabournéou. Ce n’est pourtant pas une illustre personnalité qui a emprunté ce chemin muletier. Simplement, aux yeux des habitants, les ânes étaient au moins aussi utiles qu’un ministre. D’où l’appellation locale qui est restée dans les mémoires… et sur les cartes.

Source : Parc National des Ecrins

Le lac St Laurent

lacstlaurent1Le lac Saint Laurent recouvrait toute la plaine de Bourg d’Oisans. Aujourd’hui disparu, il a été à l’origine du « déluge de Grenoble ».
On trouve des récits datant de 1058 qui mentionnent l’existence d’un lac dans la plaine de Bourg d’Oisans. Bourg d’Oisans s’appelait alors Saint Laurent du Lac. Il est difficile d’en estimer le volume et la profondeur mais on sait que ce dernier se vidangeait déjà périodiquement fonction des crues de la Romanche. C’est au XIIe siècle que la physionomie du lieu s’est fortement modifiée suite à un monstrueux éboulement !
Au mois d’août 1191, après un terrible orage, les torrents de l’Infernet et de la Vaudaine provoquent un éboulement très important dans le verrou rocheux à l’amont du village de Livet. Cet amoncellement de pierres, de boue et d’arbres empêche l’écoulement naturel de la rivière la Romanche. Petit à petit les eaux montent forçant les habitants de Saint Laurent du Lac (Bourg d’Oisans) à évacuer la plaine, pour s’installer vers les hauteurs.
lacstlaurentA son apogée, le lac s’étendait sur plus de 18 kilomètres de long, noyant sous plus de 10 mètres d’eau, la plaine de Bourg d’Oisans. Selon certains documents, la profondeur allait jusque 20 mètres !

28 ans plus tard, le 14 septembre 1219, le barrage naturel céda sous le poids des eaux ; une énorme masse d’eau s’engouffra dans la vallée, la parcourut avec la violence d’un ouragan, brisant et emportant tout dans son cours furieux, arbres, terres, villages entiers. Cette rupture soudaine provoqua une inondation jusqu’à Grenoble faisant plus de 5000 morts.
Par la suite, bien que réduit, le lac Saint-Laurent exista encore pendant plus de trois siècles, renaissant parfois, comme le 4 août 1465 après un effroyable orage d’été. En 1540, réduit à une « flaque », il acheva de disparaître…
Les colères de la Romanche ne seront quant à elles, définitivement domptées qu’en 1935 avec la construction du Barrage du Chambon.