Archives mensuelles : octobre 2015

A qui attribuer la première ascension des Ecrins ?

IMG1EcrinA qui attribuer cette première? A Whymper le 25 juin 1864 ou à Meusnier durant l’été 1853? Des chercheurs mettent en lumière des ascensions oubliées, réalisées bien avant les « premières » entrées dans l’histoire de l’alpinisme.

La carte générale de France, plus connue sous le nom de carte de l’état-major, est un immense chantier réalisé par des officiers géographes, puis des officiers de l’état-major, entre 1818 et la fin des années 1860. Ils commencent par trianguler les méridiens et les parallèles, puis ils remplissent les blancs de ce canevas par des triangulations plus fines. Le capitaine Durand (voir article sous l’onglet « Edito ») a participé à ces travaux. Dans un courrier rédigé à Vallouise, fin juillet 1828, il écrit qu’il a terminé sa reconnaissance entamée 10 jours auparavant, et qu’il va installer son signal au Pelvoux. En 1830, depuis le sommet du Pelvoux, il procède à ces mesures. En Ubaye, c’est le grand Rubren qui est ascensionné par le capitaine Loreille, en 1823. Puis vient la dernière étape de cette triangulation. Elle consiste à prendre des mesures à l’intérieur des triangles précédents pour affiner le maillage. Dans les Hautes-Alpes, elle a lieu entre 1851 et 1853. C’est le capitaine Davout qui en est chargé. A cette occasion, il réalise la deuxième ascension connue de l’Aiguille Centrale d’Arves et, très probablement celle du Bonvoisin. Pour les derniers travaux de triangulation et de cartographie, de jeunes officiers sont envoyés dans le massif durant l’été 1853 : le lieutenant Meusnier, les capitaines Cousinard, Courier, Bourgeois, … Chacun à un secteur à couvrir pendant trois ou quatre mois. Le lieutenant Meusnier, chargé des vallées centrales du massif, est accompagné d’un guide et d’un muletier. Durant cette campagne, une vingtaine de sommets majeurs sont gravis : les Ecrins, l’Ailefroide, Neige Cordier, les Agneaux, le Sirac, les Rouies, le Jandri, …

Pourquoi tous ces travaux et découvertes ont été oubliés des différentes publications qui sont arrivées jusqu’à nous ? Pour la carte de Bourcet, la raison est simple et logique. Il avait ordre de dresser une carte afin de pouvoir contrer les assauts dans le cadre de la guerre des Alpes. Il s’agissait de facto d’un secret militaire, et il a été bien gardé. Pour la carte de l’état-major, c’est plus complexe. La carte était diffusée, rien n’était secret. Il semble d’ailleurs qu’au moins un des premiers alpinistes anglais de l’Alpine Club, Francis Fox Tuckett, savait que de nombreux sommets avaient été gravis par les officiers de l’état-major. Dans un de ses articles sur le Haut-Dauphiné paru en 1863 dans le journal de l’Alpine Club, il écrit : « MM. Bourgeois, Courier, Cousinard et Meusnier ont escaladé un grand nombre de très hauts sommets ». Et il poursuit que de telles ascensions sont le gage d’une grande précision de la carte au 1/40 000e. Whymper, un des ses confrères de l’Alpine Club, en avait eu connaissance. Nulle part dans ses écrits, Whymper dit avoir effectué la première ascension de la Barre des Ecrins. Il semble que se sont d’autres alpinistes, un peu plus tard, qui ont qualifié cette ascension de première. En se focalisant sur leurs collègues anglais, ces premiers alpinistes auraient ainsi oublié qu’avant eux, au cœur des Hautes-Alpes, des officiers chargés de dresser des cartes précises et fiables, avaient accompli de véritables exploits sportifs et techniques, s’en jamais chercher à s’en prévaloir.

Source : Dauphiné Libéré

Le Mollard, cépage emblématique des Hautes-Alpes

Mollard1Parmi les 2600 variétés de raisins, seule une trentaine (Chardonnay, Pinot, Cabernet, Syrah, etc) sert à élaborer 99% des vins du monde entier. 99% des cépages existants ne sont pratiquement pas ou plus utilisés! Certains d’entre eux comme le Mollard font partis de ces cépages oubliés.
Le Mollard (littéralement « petite montagne ») est un cépage  très ancien dont les ampélographes situent l’origine dans les Hautes-Alpes. Cépage emblématique de la région, il a pourtant faillit disparaitre (arrachage) à la fin des années 1980 pour laisser la place à d’autres cépages plus  commerciaux  et lucratifs. Heureusement, un certain nombre d’agriculteurs on cependant su préserver quelques parcelles et remettre au gout du jour ce cépage très bien adapté à l’altitude et au terroir montagnard.
On le trouve aujourd’hui dans les vignobles de la haute vallée de la Durance, Gapençais et Embrunais. Il donne un vin frais, léger, agréable, d’une belle couleur grenat, peu alcoolisé, pouvant se conserver quelques années.

« Après bon vin, parole sincère »

Plus d’infos
http://www.vins-des-alpes-du-sud.fr/

Randonnées dans le massif des Ecrins

Vous manquez d’idée pour vos randonnées ?
Depuis 2013, le site RandoEcrins propose plus de 100 itinéraires de randonnées dans et autour du Parc National des Ecrins. Le site propose une cartographie dynamique, une navigation 3D, des traces GPS et un service, gratuit, d’export de fiches de randonnées imprimables. L’application mobile est aussi disponible gratuitement sur Android et sur iOS (iPhone et iPad). Bonne balade …

Boscodon, son abbaye, sa forêt, sa fontaine et sa légende

L’abbaye
Boscodon_AbbayeFondée en 1142, l’abbaye de Boscodon, située à 1200 mètres d’altitude, a été bâtie par des moines grâce aux dons de Guillaume de Montmirail. Ces premiers moines vivaient de l’exploitation de la forêt du domaine et de l’élevage de moutons. Pendant la révolution française, l’abbaye et ses domaines deviennent propriété nationale. Un hameau se construit même autour de l’abbatiale, qui devient écurie, étable et logement. Au XXe siècle, les habitants quittent progressivement le hameau. La renaissance de l’abbaye débute en1972 grâce à l’implication de diverses congrégations religieuses et des laïcs. Aujourd’hui, L’abbaye est la propriété d’une association qui en assure la restauration et les animations. La communauté religieuse qui compte des femmes et des hommes de plusieurs congrégations propose des célébrations, des concerts, des conférences, …
La forêt
BoscodonAu-dessus de l’abbaye s’étend la forêt domaniale de Boscodon. Cette forêt a la particularité d’être composée en majorité de sapins, alors que la plupart des bois et forêts environnants sont composés essentiellement de pins et de mélèzes. Cette forêt, gérée par l’ONF, est particulièrement bien aménagée pour la promenade, détente, randonnée, … La route forestière carrossable de la fontaine de l’ours, qui serpente au-delà de l’abbaye, comporte plusieurs panneaux d’information sur le site, des panneaux descriptifs des espèces de la végétation locale, un balisage soigneux des sentiers avoisinants, de nombreuses aires de détente et deux belvédères aménagés sur des points de vue remarquables.
La fontaine de l’ours
Boscodon_OursLa route forestière monte à travers la forêt domaniale sur 5 kilomètres depuis l’abbaye, et aboutit à une esplanade nommée « Fontaine de l’ours », à 1 560 mètres d’altitude. Ce lieu doit son nom à une sorte de grotte aménagée autour d’une source, c’est une construction voûtée faite de pierres assemblées sans ciment, à la manière des bories provençales. La grotte est fermée par une grille, mais la source est parfaitement visible. L’eau y est captée et conduite à une véritable fontaine installée plus bas, et dont le bec verseur en bois a la forme d’une tête d’animal. Autour de la fontaine de l’ours est aménagé un espace de détente. On y a une vue plongeante sur le site de la ville d’Embrun. C’est aussi le point d’arrivée ou de départ de nombreux sentiers de promenade dans la forêt, plusieurs sentiers balisés y montent depuis l’abbaye, et d’autres en partent vers les crêtes et sommets. Le nom de « fontaine de l’ours » a son origine dans une légende locale.
La légende
Boscodon_Légende_OursEn l’an huit cent et quelques, monseigneur Arey, évêque de Gap décide d’aller présenter ses pieuses salutations à sa sainteté le pape à Rome. Il entreprend le voyage, mettant presque deux mois pour arriver à la ville éternelle ! Au retour, le voyage est encore plus long car il décide de revenir par le col du Montgenèvre et la source de la Durance afin de se reposer quelques jours chez son ami l’évêque d’Embrun. Ses bœufs bien reposés, lui-même ragaillardi par le bon air de l’Embrunais, il reprend son modeste char et se met en route vers son diocèse Gapençais. Tout à coup, alors qu’il franchit le torrent de Boscodon sur un petit pont branlant, un ours énorme sortant du bois se jette sur ses bœufs et en dévore un. Monseigneur Arey, nullement intimidé, ordonna à l’ours de remplacer le bœuf. “Touché par la grâce”, il prit docilement le joug. C’est sur cet équipage que monseigneur Arey est arrivé dans sa bonne ville de Gap. Quant à l’ours, bien traité et bien nourri dans l’écurie de l’évêché, il était mieux là qu’à courir les bois pour essayer de trouver sa nourriture. Au début, les Gapençais, craintifs, s’éloignaient quand ils voyaient dans les rues l’évêque qui se promenait, tenant en laisse l’énorme animal, comme si c’était un chien. Et puis les jours ont passé, les mois, les années même et tout le monde s’est habitué. L’ours était devenu un familier du bon peuple de Gap, qui lui offrit une chaîne faite d’or et d’argent. Puis vint le jour où monseigneur Arey, qui était déjà bien vieux, est mort. Lors de son enterrement, l’ours suivait tristement la procession en gémissant. Quand le tombeau s’est refermé sur son maître, l’ours est parti et plus jamais personne n’a entendu parler de lui. Quelques siècles plus tard, le long du torrent de Boscodon, au dessus d’Embrun, s’est édifié l’abbaye de Boscodon et des moines sont venus s’installer. Un jour, quelques moines qui recherchaient des plantes médicinales au dessus du monastère, ont trouvé un endroit curieux qui semblait avoir été fréquenté jadis. Il y avait là une source clair et, pas très loin, une sorte de grotte. Ils y pénètrent et là ils trouvent le squelette d’un énorme animal, un ours selon toute apparence et ce qui les étonne le plus, c’est que l’animal porte autour du cou une chaîne d’or et d’argent. Il lui fut donné une sépulture, mais ils perdirent la chaîne en chemin. Depuis le fantôme vivant de “Messire Brun”, lourde silhouette, déambule dans les profondeurs de la forêt de Boscodon à la recherche de sa chaîne.

Sources
https://fr.wikipedia.org/wiki/Boscodon
http://www.basecommunale.paca.developpement-durable.gouv.fr/pdf/fiches/sites_classes/93C05019.pdf

Loup, y es-tu ?

Carte-LoupEn France, l’espèce avait disparu dans les années 1930. Depuis les années 1990, il revient suite à une recolonisation par étape de l’Italie depuis le massif des Abruzzes. Aujourd’hui, la France compterait plus de 300 individus. Le taux de croissance de l’espèce, de l’ordre de 16% par an, a comme conséquence la colonisation de nouveaux territoires. En 2015, on dénombre 42 zones ou sa présence est permanente.
Depuis 1993, les loups sont une espèce protégée et leur régulation est strictement encadrée par l’état. Le plan d’encadrement prévoit que 24 loups peuvent être tués chaque année. Ces tirs doivent être menés par des agents de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), assistés de lieutenants de louveterie, et avoir lieu seulement si les tirs d’effarouchement et de défense ont échoué. Pour la période 2014-2015, dix-neuf loups ont été tués.
LoupDans la zone Ecrins et périphérie, on estime la population à une trentaine d’individus avec une présence avérée dans le massif du Béal-Traversier. Depuis 4 hivers, des indices de sa présence sont aussi trouvés entre l’Argentière-la-Bessée et Châteauroux-les-Alpes. Par contre, le secteur géographique autour de Vallouise, vient d’être retiré de la liste des ZPP (Zones de Présence Permanente) du loup en France. C’est le seul endroit en France où la présence du loup était encore avérée en 2014, et ne l’est plus cette année !
Les nombreuses attaques de troupeaux relevées durant l’été 2015 sur les Hautes-Alpes, ont fortement mobilisé les éleveurs qui ont obtenu gain de cause auprès du préfet. Le nombre de loups susceptible d’être tués a été porté de six à huit. Le territoire sur lequel ils peuvent être prélevés est notamment étendu au Briançonnais, Guillestrois et Queyras. Les éleveurs touchés par ces attaques n’ont pas sollicité de tirs de défense, préalable obligatoire à des tirs de prélèvement. Le loup peut désormais être chassé dans 38 communes des Hautes-Alpes. Le parc national des Ecrins en est exclu.

Sources:
http://www.observatoireduloup.fr/index.html
http://www.lemedia05.com/2014/9725/300-loups-en-france-mais-combien-dans-les-hautes-alpes/
http://www.dici.fr/actu/2015/08/28/hautes-alpes-secteur-ecrins-vallouise-retire-de-liste-zpp-zones-de-presence-permanente-loup-636233